mardi 11 novembre 2025

Chapitre IV: Les hommes faibles, les femmes faibles

 « You are a weak man !! », me disait Phuong quand j’avais besoin de repos après l’avoir accompagnée à l’hôpital, alors que nous avions attrapé un virus gastro-intestinal. Elle était très faible et j’avais encore un peu d’énergie, donc nous y sommes allés ensemble. Après y avoir passé environ trois heures, obtenu les résultats des analyses et les médicaments qui ont amélioré la santé de ma bien-aimée, nous sommes sortis, et soudain, j’ai commencé à me sentir plus mal. Nous faisions une pause avant de rentrer chez nous, dans un café du lac de l’Ouest, quand je lui ai dit que j’avais besoin de me reposer tout de suite. Sa réponse, avec un visage agressif et plein de mépris, fut celle-ci : « Tu es un homme faible. »

Pendant longtemps, j’ai ressenti de la haine en me souvenant de cette situation, mais maintenant je lui en suis reconnaissant. Elle avait raison : j’étais un homme faible, trop gentil, qui n’exprimait pas ses intérêts ni ses sentiments, seulement pour contenter les autres. Et cela ne faisait pas de moi une personne plus agréable, bien au contraire : les épisodes de gentillesse passive s’alternaient avec des épisodes de rancune agressive accumulée à force de jouer sans cesse dans un théâtre où je n’étais pas moi-même. Tout est plus simple quand on exprime ses intérêts et ses sentiments dès les premiers moments, mais l’éducation que nous avons tous reçue, et surtout les hommes, au cours des dernières décennies, a favorisé un « type chic » : très gentil, très plaisant et très malhonnête — un homme faible à qui on ne peut pas faire confiance, un homme instable qui n’attire personne et qui est facilement et cruellement déçu par ses semblables.

D’un autre côté, les dernières décennies ont aussi favorisé une femme indépendante, avec un bon salaire, une bonne éducation et ses propres possibilités. Une femme qui n’a pas besoin des hommes, mais qui, comme tout le monde, a ses besoins émotionnels. La façon dont la société actuelle gère ce sentiment est la promotion d’un développement personnel qui cache ces inquiétudes à travers des techniques psychologiques, la méditation, la promotion de soi ou l’activité physique en salle de sport. Toutes ces stratégies ne favorisent pas une gestion mûre des émotions, mais tentent plutôt de les éliminer — ce qui est impossible. L’homme et les enfants font partie d’une vie « traditionnelle et machiste », disent-elles, tout en nageant dans les eaux du désespoir.

L’homme faible ne sait pas exprimer ses volontés et ne sait pas dire non. La femme faible ne sait pas gérer ses besoins émotionnels et tente de les éliminer. Et dans ce désespoir, les rencontres superficielles via Tinder ou la pornographie offrent une drogue qui soulage temporairement la détresse, mais qui rend tout pire ensuite.

mercredi 5 novembre 2025

Chapitre III : l’individualisme

Il y a quelques semaines, on a eu une forte inondation dans l’arrondissement du sud de Saragosse, et une petite maison et le jardin potager d’un de nos amis avaient été sérieusement affectés. J’ai décidé de créer un groupe WhatsApp pour organiser une journée d’aide, quelque chose de normal si cela s’était passé il y a dix ans, mais la réponse que j’ai trouvée chez les amis du groupe était loin d’être solidaire : des excuses, des barrières, et même la ridiculisation de ma proposition. Les amis préféraient le loisir banal au loisir d’aider quelqu’un qu’on aime.

Cet ami, qui n’a jamais su l’existence de ce groupe, me disait quelques jours plus tard, en parlant d’autres choses, que l’esprit des Louisianeros s’était perdu et que maintenant ce n’est plus qu’un groupe pour la fête et l’alcool. Il ajoutait que, malheureusement, c’était une évolution commune dans plusieurs groupes après la postpandémie, mais qu’il restait encore des groupes et des personnes fidèles à un sens plus social.

À ce moment-là, les amis avons parlé aussi de la fête d’Halloween, et quelqu’un disait qu’il préférait les costumes, les enfants jouant ou le temps pour un petit voyage de trois jours n’importe où, plutôt que la tristesse d’un cimetière en portant des fleurs. J’ai parlé des rituels typiques hispaniques, où les peuples font la fête avec la nourriture et l’alcool autour des tombes des proches, en visitant aussi les proches des amis et en construisant de la communauté, mais il semblait que cela ne remplissait pas suffisamment les intérêts individuels des Louisianeros. 

Quelques semaines plus tard, le premier enfant du groupe d’amis est né, et en discutant du cadeau à offrir de la part du groupe, il y avait des positions — et surtout des attitudes — que je n’aurais pas pu imaginer. D’une part, la quantité d’argent à donner, avec différentes options, toutes abordables ; mais surtout, le manque d’empathie et même de respect envers les positions des gens qui n’auront pas d’enfants mais qui vont payer pour chaque cadeau pendant les prochaines années. Le problème n’était pas économique, mais surtout un manque de considération et même une ridiculisation toxique des idées qu’on ne partage pas, tout cela sous les intérêts individualistes des uns et des autres.

Quand j’ai décidé d’essayer de retourner à Saragosse après deux ans, tout le monde semblait content, espérant un Marco dynamisant et joyeux. Mais quand mes problèmes personnels sont apparus et que j’ai décidé de faire une pause dans les processus, les mêmes personnes qui voulaient un Marco pour la fête et le bonheur ont commencé à me critiquer et à se moquer, car on veut la bonne partie de tout — des « amis », de la copine, des bébés ou de la famille — mais pas la partie négative.

Puisqu’on dit que chacun a son propre sac émotionnel à porter, et que le reste de la vie sert à l’alléger, il est vrai qu’on ne doit pas porter un surplus de poids émotionnel des autres. Mais on ne doit pas non plus être si intéressés à profiter des autres sans aucun compromis : la clé est de chercher et de trouver l’équilibre entre nos intérêts et la vie empathique et sociale. Malheureusement, on avance vers une distorsion de plus en plus profonde.

lundi 27 octobre 2025

Chapitre II: mamie

Un de mes premiers souvenirs dans mon cerveau est de mamie, qui est morte quand j’avais quatre ans. Elle portait sa typique « bata de yaya » bleue et essayait de descendre les escaliers de la maison de mon oncle et de ma tante, à Montañana. Il n’y avait pas beaucoup d’escaliers, peut-être une quinzaine, mais c’était trop pour elle, avec sa santé déjà faible. Mes tantes et une de mes cousines, Elisa, l’aidaient à descendre pour se reposer dans le jardin, pour l’un de ses derniers repas en famille.

« Yaya Chon » cherchait du regard où se trouvait son petit-fils favori, selon ses propres mots. Le seul fils de son seul fils et le plus jeune, qu’il avait eu après quarante ans, quand personne n’aurait imaginé : moi. À ce moment-là, ma cousine Ana, environ dix ans plus âgée que moi, venait me voir et me disait tendrement que j’étais son cousin favori : de façon inattendue, j’ai découvert le sens du mot « mensonge ».

Pour être honnête, ce n’est pas un souvenir direct de mon cerveau, mais une reconstitution d’un souvenir que je me suis forcé à entraîner, réviser et garder en mémoire, puisque j’étais conscient de son importance depuis mes quatre années déjà ternes. Je l’ai vécu et je me force à l’étudier tous les quelques mois depuis mes quatre ans, car je ne veux pas oublier l’une des seules deux expériences vivides avec mamie Chon.

Pourtant, ce n’est pas le premier souvenir que j’ai, directement ou indirectement, dans ma mémoire. Il y en a un autre, que pendant longtemps j’ai cru être le premier jour de ma vie, mais après avoir parlé avec mon père en regardent les photos, il m’a dit que cela se passait quand j’avais un ou deux ans. C’était la nuit, et mes parents me posaient à moitié dans leur lit et me prenaient en photo. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais l’atmosphère était rose, et ils utilisaient une caméra argentique. Ça m’amusait et je riais, et la réponse de mes parents était un autre sourire. Et quand je les regardais sourire, je riais encore plus. Et ils souriaient encore plus. Le visage de mon père était le plus heureux et chalereux que j’aie jamais vu, et celui de ma mère paraissait heureux aussi... mensonge. 

lundi 20 octobre 2025

Chapitre I : Qu’est-ce qu’il se passe ?

Année 2023. Miguel est arrivé à Hanoï. Il était la première personne que j’ai rencontrée sur trois continents différents : l’Europe, l’Amérique et l’Asie. On nous aime, mais parfois on nous déteste aussi. Il ne connaissait personne, et je travaillais là, donc je connaissais Paloma, quelques personnes du groupe de danse latine et, en plus, j’avais commencé à sortir avec une fille, Phuong. Cependant, Miguel, même timide, savait se faire des amis aussi, et il a téléchargé des applis de rencontre communautaire pour connaître de nouvelles personnes, pas exactement pour draguer. Ça a marché, et vite.

Année 2024. Enrique, ainsi que Chuan et Lois, se plaignent. Le groupe d’amis de toujours, autrefois très proche, se voit de moins en moins. On ne sait pas si c’est l’influence des copines ou quoi, mais les rencontres hebdomadaires sont devenues mensuelles, sans faire la fête en boîte, mais, dans le meilleur des cas, avec le nouveau « tardeo ». Peut-être est-ce la trentaine, une nouvelle étape de la vie que tous n’ont pas encore atteinte et dont l’aboutissement final est la venue des enfants. La vie associative a aussi beaucoup diminué, et même ma chère Manille, où j’habitais, a changé : moins de karaokés, moins de sourires, moins de pauvreté, plus de stress et surtout plus de smartphones.

Novembre 2025. Après une forte évolution pendant l’année, en me libérant du stress des mathématiques et de la « famille », et surtout en cherchant une personnalité plus stable après le coup de boost de la débauche aux Philippines et la chute de Pablo Gargallo et du Vietnam, je m’entraîne pour mon intégrité et pour retrouver une illusion de vie : pour les voyages, pour les projets — comme ce blog en français — et pour les projets sociaux, afin de connaître de nouvelles personnes dans le paradis canarien. Pourtant, ce n’est pas facile : les activités communautaires sont de moins en moins populaires, les gens ont déjà leurs groupes, et des profils comme le mien, pourtant pas si étranges, n’arrivent pas à se rencontrer ni à se cristalliser en nouveaux groupes.

Bien sûr, comme dans tout le monde, j’ai essayé avec la bachata : je suis bon là-dedans et elle est devenue très populaire partout. Toutefois, je commence à la trouver ennuyeuse et je m’incline vers des activités plus culturelles où je peux avoir des conversations plus profondes, comme avant, tout en respectant ma personnalité. Je consulte l’agenda culturel de toute l’île et de l’Université de La Laguna, mais malheureusement, le sud de Tenerife ne semble pas être le bon endroit pour ça. Pourtant, loin de me rendre, j’essaie d’autres tactiques que j’ai apprises pendant mes neuf années autour du globe : je télécharge des applications pour rencontrer des personnes avec mon profil, en faisant des activités comme des échanges linguistiques ou des sports, comme Miguel le faisait trois ans auparavant, mais, étonnamment, il n’y avait presque rien : trois ou quatre activités faibles et sans participants — et on parle d’un lieu fortement touristique !

Que se passe-t-il ? Sont-ce mes yeux et ma situation qui font que je vois les choses plus pessimistes qu’elles ne le sont vraiment ? La situation économique réduit-elle l’enthousiasme et l’énergie des gens ? Est-ce la trentaine, proche de la quarantaine ? Est-ce l’influence des réseaux sociaux et de leurs nouveaux algorithmes utilisant l’intelligence artificielle ?

dimanche 3 mars 2013

L'agressivité provoque dépression

Les derniers semaines j'ai adopté un discours très violente et polémique. Dans ce blog on peut le lire, et j'avais deux grandes raisons. D'abord, montrer les crocs a ceux qui ont provoqué cette situation critique en leur dissent qu'ils sont en danger; d'autre côté, réveiller la plupart de la population qui est endormie ou vive seulement à ses banalités. 

Mais c'est que j'ai trouvé dans le deuxième cas est que cette population préfère la tristesse que la haine, la dépression et ne pas chercher une solution, le suicide est ne pas lutter. Alors, qu'est-ce que je peux faire? Qu'est-ce que je dois faire?

lundi 18 février 2013

Chomsky, le cognitivisme et l'objectivation du sujet.

Si l'épistémologie s'articule autour de trois pôles, l'objet, le sujet et l'intersujet ou communauté, la demande de Chomsky consiste à «objectiver le sujet». Ceci est tout à fait plausible si l'on s'en tient à la dimension matérielle de l'objet, puisque, comme dimension matérielle qui est, ça sera capable d'être l'objet de la recherche scientifique, comme on trouve avec d'autres organes de l'être humain.
  
Chomsky n'est pas hors de ce prémisse, donc il considère en tout temps la faculté du langage comme une faculté qui se trouve dans un esprit-cerveau physique. Toutefois, certaines questions telles que la prestation de sens semblent échapper à cette réalisation objectiviste et Chomsky semble ne jamais trouver une solution adéquate à ce problème, en trouvent des incohérences dans son discours. Le problème devient particulièrement aigu quand la sémantique influe directement sur la syntaxe. Est la création de significations subordonné au matériel et «objective»? Si non, cela ouvre une porte pour empêcher l'importance de la subjectivité et de la perception individuelle dans l'épistémologie en générale. Des questions similaires peuvent être faites sur les pensées, les sentiments ou plus important encore, la volonté. Trouvent-ils leur place dans un organe mental? Ou est-ce quelque chose qui est «au-delà» du physique et donc pas objectivable? 
 
Mais même en supposant que il y a un site dans le cerveau qui correspond à ces questions, nous avons encore une question, probablement le plus important du point de vue épistémique: Est l'organe cérébral de la volonté qui détermine la volonté de l'homme dès le début, ou bien a été la volonté et un "esprit" non matérielle initiale qui a été imprimé à l'organe cérébral de la volonté? Quand Chomsky établit une distinction entre la raison et le mystère, et surtout entre la science et le sens commun, semble tendre plus à ce dernier, même si son intention initiale était d'objectiver le plus le sujet. Bien sûr, si la bonne réponse était la première, cela signifierait la destruction de la nature subjective, ou plutôt la considérer comme un mécanisme créé par la nature objective.
  
Si à la suite de la doctrine organiciste on applique la même question à un organe mieux étudiée, comme le bras, la question a une réponse simple: Est-ce que notre volonté a déterminé la forme du bras ou est la forme du bras qui détermine notre volonté (de prendre une banane dans un bananier, par exemple)? Logiquement, le bras est né avec des caractéristiques initiales qui déterminent notre volonté (pour prendre une banane dans un bananier, mais pas la lune dans le ciel), mais en même temps, la volonté contribue à le façonner (p. ex. le bras d'un joueur de basket) , donc la réponse évolutionniste à la question ne donne pas une solution qui plait à tous. De plus, la réponse est encore plus compliquée si on considère le caractère aléatoire des mutations qui causent que deux organes soient jamais complétement la même chose comme un argument en faveur de une subjectivité donnée.

lundi 11 février 2013

Les œuvres d'art

En lisant, j'ai trouvé une jolie référence autour où est-ce qu'on doit trouver les œuvres d'art, faite par le philosophe Martin Heidegger.

«Les 'sculptures de Egina' de la collection de Munich, la Antigone de Sophocle dans la meilleure édition critique, elles ont été arrachés dehors leurs propres espaces tandis que des œuvres qu'elles sont. Cependant élevé son rang soie et fort son pouvoir de précision, cependant bien conservés et bien interprétés qu'elles continuent, en les boucher dans une collection on les a tiré de leurs mondes. Par ailleurs, même quand on essaye de prévenir ou éviter ses déplacements à aller, par exemple, a contempler le temple de Paestum a son place et la cathédral de Bamberg au milieu sa place, le monde de ces œuvres s'est effondré»